Hatha Yoga
Les caractéristiques de ce Yoga
Voici quelques notions très caractéristiques de l’enseignement de Krishnamacharya et de Désikachar.
1 .- Notion d’adaptabilité : VINIYOGA
La pratique doit être adaptée aux besoins et aux capacités de l’élève, en fonction de l’âge, de la période de l’année, le moment de la journée, et de la condition physique et psychique.
Adapter l’asana selon la condition physique, cela veut dire aller moins loin dans la posture, ou bien changer la position des jambes ou des bras par exemple, lorsque cela est douloureux. Mais il faut faire attention de garder l’axe principal de la posture.
Et si le besoin s’en fait sentir, prendre plus de temps, dans l’écoute de l’après-posture ou dans le temps de méditation.
Dans le « Yoga Rahasya »,
il est précisé que c’est la pratique des âsanas et des prânayamas qui doit s’adapter à l’individu et
non pas l’individu à la pratique.
Dans les « Yoga-sutras de Patanjali »,
il est indiqué à l’aphorisme III.6 : « tasya bhûmîshu viniyogah » :
« l’application (viniyoga) de cela (tasya) se fait en fonction des niveaux (bhûmishu) de chacun et par étapes. »
2.- Notion de synchronicité entre le mouvement du souffle et celui du corps : VINYASA
VINYASA signifie « souffle synchronisé avec le mouvement ». Il s’agit de faire un mouvement sur
chaque temps du souffle :
- à l'INSPIR : mouvement d’ouverture, extension arrière, mouvement d’étirement vers le haut
- à l'EXPIR : mouvement de flexion avant, latérale ou torsion ou prise de posture
3.- Notion de progression : KRAMA
……que l’on retrouve dans l’aphorisme cité plus haut III.6 : « ……étape par étape. »
• il y a une recherche de progression de la posture :
- avec une phase dynamique pendant laquelle l’asana est répété au moins 3 fois (en le synchronisant avec le souffle) ……..ceci afin de préparer le corps et permettre la progression de la posture.
- Puis une phase de posture en statique , dont les caractéristiques sont :
l’immobilité (pour poser le corps et l’esprit) et la durée (car c’est dans la durée que tout lâche : 2 à 5 mn jusqu’à 10 mn). Mais l’âsana peut être pris directement en statique : on l’effectue alors en Krama , à l’aide du pranayama qui va nous permettre de progresser dans la posture , pour atteindre une position optimale (mais celle qui nous convient évidemment, pas au-delà de nos limites corporelles).
• et aussi une recherche de progression de la séance :
Chaque séance est conçue autour d'une posture centrale, avec des postures de
préparation et une ou deux contre-postures, appelées postures de compensation
puisqu'elles servent à supprimer les effets négatifs ou douloureux de la posture centrale, du
moins pour ce qui a été sollicité d’une façon très intense : par exemple, pour le cobra, les effets
très sensibles se feront sentir au niveau des lombaires.
4.- Notion de concentration : BHAVANA
Bhavana veut dire « méditation sur….. » ; on le traduit aussi par « objet de concentration »
Il s’agit de la concentration pendant le travail postural.
Celle-ci peut avoir différents supports : le souffle, la sensation, les énergies qui circulent, les chakras,
ou même un yama ou un niyama (par exemple travailler avec Ahimsa, la notion de non-violence,
ou Satya, être vrai avec soi-même).
La concentration permet ainsi d'apaiser tous les mouvements de la pensée .
Ainsi dans les "Yoga-sutras de Patanjali",
il est dit à l'aphorisme I.32 :
« Pour éliminer cela (la dispersion mentale) , il faut centrer sa pratique (abhyâsa) sur un (eka) seul principe (tattva) à la fois. »
et à l'aphorisme III.1 :
« dhârana (concentration) est la relation d’attention (Bandha) du mental (chitta) à un secteur déterminé (desha).)
5.- Notion d’ARDEUR : TAPAS
L’enseignement de Krishnamacharya et de Désikachar s’appuie également sur les 3 piliers de la
philosophie des "Yoga-sutras de PATANJALI" :
- TAPA : rigueur (effort soutenu sans forcer au-delà de ses limites)
- SVADHAYA : connaissance du Soi (par un processus d’intériorisation)
- ISHVARAPRANIDHANA : abandon au Seigneur
cité à l'aphorisme II.1 : « Le yoga de l’action se pratique selon trois modalités inséparables : un effort
soutenu, la conscience intérieure du Soi et l’abandon au seigneur. »
Cette notion de TAPAS signifie qu’il ne faut pas pratiquer un YOGA TROP MOU : Il faut « chauffer »
le corps (racine TAP)
• pour défaire toutes les tensions et que les énergies plus subtiles (dont la
kundalini) puissent circuler
• et la pratique doit être intense et rigoureuse pour fixer l’esprit ……..cela demande donc des postures toniques et dynamiques.
On retrouve cette notion de « TAPAS » dans les 2 aphorismes ci-après :
avec les notions suivantes :
- ABHYASA : pratique intense
- VAIRAGYABHYAM : détachement intérieur
Aphorisme I.12 : « L’arrêt des pensées automatiques s’obtient par une pratique intense dans
un esprit de lâcher-prise. »
ainsi que :
- STHIRA : fermeté, rigueur
- SUKHA : bonheur et lâcher prise
Aphorisme II.46 : « L’asana doit être fermement établi dans un espace heureux. »
traduction de Gérard Blitz.
En conclusion,
le LACHER PRISE est une notion qui va de pair avec EFFORT SOUTENU.
Lâcher prise ne veut pas dire tout lâcher. il signifie lâcher les contractions inutiles pour être dans le juste effort, au niveau physique lâcher les pensées et les émotions, pour être dans un détachement intérieur au niveau du mental, lâcher toute intention de faire pour s'abandonner à ce qui est, dans une dimension plus spirituelle, et qui est la 3è modalité de la pratique du yoga (Ishvara Pranidana, l'abandon au Seigneur)